Mohamed CHELBI (1957)

Mohamed Chelbi, alias "Gattous" est un peintre tunisien né en 1957 au Kram. Issu d'un héritage riche, ses origines sont turques et beylicales par ses parents, grecques par son grand-père et russes par sa grand-mère. Bien qu'il ait partagé une grande partie de sa vie entre son métier de fonctionnaire et son atelier, son objectif ultime a toujours été de consacrer sa vie à la peinture, une ambition qu'il a finalement réalisée.

Le goût de la peinture lui est transmis par son père, agriculteur et intellectuel, qui dessinait des caricatures. Très jeune, Mohamed s'empare de cette passion et, à l'âge de 13 ans, commence sérieusement à peindre. Son frère, en lui offrant son premier chevalet et des peintures venues de France, nourrit davantage sa créativité. Autodidacte, Mohamed puise son inspiration dans les œuvres des grands maîtres impressionnistes, notamment Degas, Sisley, Cézanne, Renoir, et surtout Van Gogh, dont l'expressionnisme a profondément influencé son œuvre après la perte de son frère.

Mohamed Chelbi expose pour la première fois à l’âge de 35 ans au musée de Sidi Bou Saïd. Cette exposition lui permet de rencontrer Hedi Turki, qu'il considère comme un maître et un ami. Malgré une reconnaissance tardive, Chelbi est un artiste engagé et contribue à la création du Syndicat des Artistes Plasticiens de Tunisie, militant pour des droits et des infrastructures artistiques en faveur des artistes contemporains.

Son art, marqué par un style autodidacte et un fort instinct créatif, se nourrit de la vie, de l'amour et des émotions humaines. Mohamed considère que l’art est une manière de transcender ses angoisses et d’exprimer son monde intérieur. Son approche philosophique de l'art et de la vie est renforcée par son combat personnel contre une maladie d'asthme sévère durant son enfance, ce qui l'a poussé à se dépasser physiquement et mentalement.

Dans son atelier du Kram, une ancienne écurie du Bey qu'il a transformée, Mohamed Chelbi enseigne la peinture à des élèves de tout âge. Il continue à peindre inlassablement, nourri par le désir de toujours évoluer sans jamais atteindre le chef-d'œuvre final, poursuivant ainsi sa quête artistique et existentielle jusqu'à la fin de sa vie.